Le jeudi 26 juin, le Conseil municipal d’Issy-les-Moulineaux a validé le rapport d’activité 2024 de la SPL Seine Ouest Aménagement, outil public chargé de transformer le territoire. Sur le papier, tout semble maîtrisé. Mais derrière les chiffres et les bilans flatteurs, des zones d’ombre subsistent. En tant que citoyen·nes concerné·es, nous avons le droit de regarder de plus près.
Cœur de Ville : où est passé l’écoquartier ?
Présentée comme un exemple de développement durable, la ZAC Cœur de Ville a perdu son label Écoquartier. Pourquoi ? Silence de la part de la mairie.

Trois ans après l’inauguration, la cour de l’école Françoise Giroud est toujours intégralement minérale. Combien faudra-t-il de canicules pour enfin végétaliser les espaces fréquentés par les enfants ?

Pendant ce temps, le bilan financier affiche un léger excédent (51 639 €), mais la SPL a perçu 2,375 millions d’euros de rémunération pour sa mission. Une question demeure : pour qui est pensée cette ville en chantier permanent ?
ZAC Léon Blum : des rénovations payées… pour être démolies
L’îlot F, avenue de Verdun, est un cas d’école. L’architecte Daniel Libeskind est désigné lauréat en 2019… puis à nouveau en 2025, pour un projet densifié. Entre-temps, des bâtiments HLM fraîchement rénovés sont détruits. Quel coût pour les finances publiques, pour les locataires relogé·es sans transparence, pour la planète ? Aucun chiffre ne figure dans le rapport. Seule certitude : le permis de construire est imminent.

Sultan Kebab : une préemption ciblée qui interroge
En octobre 2024, la SPL préempte le fonds de commerce d’un kebab avenue de Verdun, pour le revendre immédiatement à une foncière. Pourquoi cette opération express ? S’agit-il d’un arbitrage commercial ou d’une volonté politique de filtrer la diversité des commerces ?
Centre musulman : retard, silence et manque de volonté
Le permis de construire du Centre musulman d’Issy a été annulé, puis redéposé fin 2024. Mais c’est l’Établissement public foncier qui a dû porter le terrain, en raison de l’incapacité de la commune à proposer une solution. Et pourtant, la ville continue de construire massivement, sans difficulté à trouver du foncier pour des projets bien plus lucratifs. Deux poids, deux mesures ?
Chaleur urbaine : à qui profite le réseau ?
Le réseau de chaleur basé sur la valorisation des eaux usées progresse, et c’est une bonne nouvelle. Mais les logements plus modestes, comme ceux des Jardins de Bacchus ou du quartier Sainte-Lucie, en bénéficieront-ils ? Rien n’est précisé. Quant aux émissions de l’incinérateur d’Issy, qui alimente en partie ce réseau : silence total.
Hydroseine : une ZAC abandonnée, un aveu d’échec
En 2024, la ville renonce à la ZAC Hydroseine, jugée trop complexe à mettre en œuvre. Pourquoi, alors, l’avoir intégrée au dispositif des Quartiers Métropolitains d’Innovation ? Quid de la station hydrogène flambant neuve du boulevard Garibaldi ? Là encore, aucune évaluation de la fréquentation, aucun retour sur l’investissement.
Mobilité : coupures urbaines, absence de vision
- Les travaux du T2 rendent la traversée de la rue Ernest Renan impossible à hauteur de l’hôtel Oceania. Piéton·nes et cyclistes doivent faire des détours importants.
- Quant à la ligne 12, aucune avancée n’est actée malgré des études financées depuis plusieurs années.
Sainte-Lucie : un quartier populaire en déshérence
Le centre commercial Sainte-Lucie décline : boutiques vides, circulation peu accueillante, absence de lien avec les rues voisines. Des pistes sont à l’étude, mais toujours rien de concret. L’arche au-dessus de la rue Lombard pourrait être supprimée pour ouvrir une perspective vers la Seine, mais aucune décision n’est prise.
Une autre ville est possible
Ce rapport révèle une gestion urbaine technocratique, pilotée comme un portefeuille d’actifs. Il manque une chose essentielle : la ville n’est pas une entreprise. C’est un lieu de vie. Elle mérite une vision plus humaine, plus équitable, plus durable.
Une équipe municipale nouvelle pourrait proposer un urbanisme alternatif. Végétaliser les cours d’école, adapter les bâtiments à la crise climatique, favoriser les mobilités douces, créer du logement accessible sans démolition injustifiée, préserver les commerces de proximité, et surtout associer les habitant·es aux décisions qui transforment leur cadre de vie. C’est possible. Et c’est urgent.
Le groupe local des Écologistes d’Issy-les-Moulineaux
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Les habitant·es d’Issy-les-Moulineaux méritent d’être au cœur des décisions qui transforment leur cadre de vie. À l’approche des élections municipales de 2026, avec les autres forces de gauche et citoyennes de la ville, nous lançons un appel à contribution ouvert à toutes celles et ceux qui souhaitent imaginer une ville plus juste, plus écologique et plus démocratique.
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